ZeMonBlog
27/03/2022
Les précellences de l’installation allusivement conceptuelle et techniquement irréprochable impressionnent sans réellement susciter l’étonnement ou convaincre d'une inventivité formelle…
Jitkish Kallat chez Templon Beaubourg
« Echo verse » est le titre de cette exposition conçue comme une installation in-situ et une sorte de parcours.
Sur les murs une suite de 365 dessins d’allures géométriques et ponctués d’annotations immerge le spectateur dans une année supposée s’écouler en décomptant les naissances et les décès chaque jour. Toutes les « études » sont de même taille et toutes sont esquissées schématiquement sur un papier quadrillé bleu sensé ajouter du sens à leur caractère et leurs apparences supposées scientifiques. Des sortes de stèles à la fois transparentes et translucides sont réparties dans le l’espace restant de la galerie. Elles sont sensée symboliser l’actualité grâce à des photographies traitant divers sujets. Rendues à la fois partiellement intemporelles et glacées dans leur épaisse couche de matière transparente aforme, et sensibilisée par de multiples aléas et reflets dus à l’éclairage, les assemblages semblent flotter comme des vestiges à l’origine intraçable. On se perd en conjecture sur ce qu’on peut mémoriser ou recouper à partir des éléments scénarisés et événementielles réunies.
L’installation allusivement conceptuelle et techniquement irréprochable impressionne par sa mise en scène. L’univers créé est effectivement plasticien et esthétique, foisonnant de compétences expressives. L’art de Jitkish Kallat mise en même temps beaucoup sur sa perfection matérielle et technique, un coté objet de luxe que son exécution parfaite valide par essence.
Problême, cette précellence brille sans réellement susciter l’étonnement ou convaincre d’une inventivité formelle. Tant côté dessin que de celui des stèles, on a l’impression de revoir à frais nouveaux des œuvres anciennes, justement réputées pour leur beauté savante et « bricolée » ou leur composition impromptue et imaginative (les assemblages/ collages rappellent notamment les Hoarfrost présentés par Rauschenberg*). On peine aussi à relier les dessins avec les stèles et l’intitulé Echo verse qui sert de thème à l’ensemble devient inaudible. In fine, ce qui devait emporter le sentiment d’une création extérieurement belle et un rien audacieuse par son spectacle laisse l’impression d’être à la fois peu disruptif et fabriqué du point de vue artistique.
* Paris, Galerie Sonnabend, 1974