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Michel Dector galerie Laurent Godin

14/02/2022

On peine à entrevoir une pratique plus ouverte et réservée que formaliste ou des inspirations plus critiques que littérales… 

       Des draps de lit « king size » symbolisant des œuvres libérées de la forme dominante du tableau sont accrochés aux murs. Un gigantesque chiffre 1 ou des formes abstraites et sans référent direct sont peintes à la bombe. Sur la plupart d’entre elles, le motif est un gigantesque chiffre 1 reproduit en réserve à l’aide de ruban adhésif blanc auréolé d’un nuage noir vaporisé dans un esprit street art. Trois autres œuvres abstraites également peintes à la bombe figurent des formes colorées autonomes. Le peintre a méthodiquement centré ses motifs sur les supports.    

       Les 1 sont parfois uniques ou réunis en duo. Quand ils sont figurés seuls, leur motif est droit et anonyme ; s’ils sont en duo, l’un penche ou ondule théâtralement vers l’autre dans des postures anthropomorphiques équivoques : certaines mises en scène sont clairement allusives…     

      L’artiste explique ses choix en s’appuyant sur l’expression visuelle du signe graphique 1 : sa forme est minimale, l’épaisseur de son trait lui vaut d’apparaître selon les cas comme un geste, une direction ou une surface « anamorphosée ». D’un point de vue connotatif et métaphorique : « Le 1 a un corps et une tête, son dressement vertical suggère un homme debout…, seul, il rappelle Giacometti » ; sous certaines conditions, sa multiplication peut connoter avec un groupe de personnages, des arbres, des gratte-ciel… L’esthétique très épurée dont s’inspire Michel Dector vise l’articulation conceptuelle et symbolique de signes avec des représentations où l’image semble être une émanation. Formellement réduite à un travail de silhouette et de trace complétée par une plasticité qui se veut évocatrice, chaque œuvre compose et bute sur une proposition plastique d’apparence littérale et par analogie un univers d’illustrateur. Chaque œuvre proposée comme un portrait semble in fine reproduire des plasticités imaginées et développées par d’autres.    

      Les œuvres qui scénarisent des formes abstraites colorées autonomes fonctionnent sur une expression visuelle similaire aux 1. Réduites au squelette d’une forme géométrique oblongue peinte dans un ton vaguement monochrome ou à une transposition descriptive des trois teintes fondamentales et de leurs complémentaires, chaque motif, bien que décalé dans un style street art, fait songer à un slide seulement démonstratif.

        Même en supposant que les draps puissent faire allusion au suaire christique, que les 1 figurent un/des personnage(s) fictif(s), voire que le style visuel des œuvres présume vs réfère à une idée du beau davantage philosophique que tactique de l’art (dans le fil de Support-Surface, de l’art conceptuel proche de Joseph Kossuth ou de pratiques d’installations éphémères), on peine à entrevoir une pratique plus ouverte et réservée que formaliste ou bien des inspirations plus critiques que littérales.