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Trois galeries…

04/12/2019

Dans la présentation des œuvres exposées par la galerie…/… la perspective de ce programme suggère implicitement…/… se veut l’évocation d’un commerce…

Galerie Ceyson-Bénétière, Noël Dolla dans le délitement de sa peinture

Dans la présentation des œuvres exposées par la galerie, on apprend qu’en marge de son engagement artistique, Noel Dolla a été un adepte de l’escalade. En fusionnant métaphori-quement les deux engagements, j’imagine qu’à l’inverse des risques jadis encourus sur ses parois, avec la peinture qu’il produit aujourd’hui, l’artiste ne fait que descendre. La superficialité esthétique et plastique de certaines pièces exposées suggère même qu’il pense qu’avoir une pratique artistique de fond et faire de la grimpette est équivalent dans l’effort. Où qu’il suffit de remplacer l’expérimentation plastique par sa parodie. Malgré une installation en partie in situ, et des « peintures au pistolet » (d’un geste hasardeusement emprunté aux Tirs » historiques de Niki de Saint-Phalle en 1961), l’exposition échoue à convaincre que le chercheur jadis de Supports/surfaces est encore aux commandes.

 

Galerie Les filles du Calvaire, « Chronique du trouble », commissariat Thierry Raspail…

…Ou, comme il est suggéré : « L’œuvre comme moteur de recherche ». La perspective de ce programme suggère implicitement que l’œuvre et la recherche créative sont une seule activité. Dans sa thèse fondamentale sur l’instauration du travail plastique, René Passeron* conçoit que l’œuvre peut s‘entendre comme un mouvement poïétique vers la création d’apparences. Pour le coup, « Chronique du trouble » réunit trois artistes ou trois conceptions du travail créatif, corrélées à l’idée qu’aucune œuvre ne saurait échapper à son inscription dans un mouvement de conception et d’invention réciproque et incessant. Et de fait, Antoine Catala, Jan Koop et Gustavo Spendiao, tous de même génération et comme leur nom l’indique de nationalité différente, instaurent des œuvres dont l’affaire tourne plastiquement autour de trois idées divergentes sur le temps. Quand l’un prend la durée pour thème, l’autre traque et illustre avec humour des instants de pulsation, le dernier enfin s’appuie sur l’actualité de son pays pour faire (re)vivre plastiquement des moments d’engagements collectifs. D’un point de vue esthétique les « estampes » de Jan Koop ainsi que l’environnement, les objets en silicone d’Antoine Catala et l’installation in situ politiquement engagée de Gustavo Spendiao définissent visuellement leurs pratiques à travers des compositions passagères plutôt qu’arrêtées. Fondée sur une composition suggérant une instabilité ou semblant temporaire, chaque œuvre sollicite une participation davantage qu’un regard unique. En passant, les artistes investissent tout l’espace de la galerie, ils le retournent ou la détournent pour suggérer un autre site, les ouvertures subreptices de fenêtres imaginaires, les sons d’une manifestation de rue et des murs pris à parti pour servir d’écho. Si pour l’essentiel les œuvres sont plutôt belles, expressives et convaincantes, on peut aussi songer que parfois, certaines ne brillent pas par leur nouveauté formelle. Salutairement, Thierry Raspail n’a cependant pas oublié que ce qui instaure avant tout une œuvre plastique vivante est qu’elle se fait entendre. 

* René Passeron, « L’œuvre picturale et les fonctions de l’apparence, éd.Vrin

 

« Un artiste, une œuvre, un objet » commissaire Luca Djaou à la galerie Patricia Dorfmann

Le choix des peintures se veut l’évocation d’un commerce intime des artistes avec des objets « phares » présents dans leurs ateliers respectifs. Ces objets sont pour eux des sources d’inspiration autant que des thèmes  et des index de style, ils font signes pour des autoportraits par procuration. Intéressant dans son principe, l’exercice est aussi daté que faiblement démonstratif, chaque créateur ayant drainé ou tenté d’établir derrière lui de multiples intérêts. In fine l’ennui est que surtout, dans leur majorité, les œuvres exposées sont impersonnelles, peu représentatives, voire laides, comparativement à d’autres productions des artistes, pour certains historiquement reconnus. Partant, l’exposition devient monstrueuse et la démonstration souhaitée seulement littérale. Chaque œuvre caricature une incarnation à travers laquelle personne n’est expressément humanisé.